Comment corriger les lacunes de votre curriculum vitæ

Y a‑t-il des circonstances exceptionnelles dans votre histoire professionnelle qui pourraient faire sourciller un gestionnaire à la lecture de votre curriculum vitæ ? Votre première impulsion pourrait être de mentir au sujet de votre expérience, mais il existe d’autres moyens de rendre votre candidature attrayante pour un employeur sans nécessairement faire de fausses déclarations.

• Des trous dans vos anté­cé­dents professionnels
• Périodes de manque de travail
• Congédiement
• Antécédents profes­sion­nels non pertinents
• Changement de carrière
• Fraîchement diplômé
• Expérience insuffisante
• Surqualification
• Objectif mal défini
• Absence de diplôme
• Trop jeune
• Casier judiciaire

DES TROUS DANS VOS ANTÉCÉDENTS PROFESSIONNELS

Bien des gens ont des trous dans leurs anté­cé­dents profes­sion­nels. Si vous avez une bonne raison pour justi­fier d’im­por­tantes inter­rup­tions de travail, comme par exemple des études ou la nais­sance d’un enfant, vous n’avez qu’à le mention­ner sur votre curri­cu­lum vitæ. Dans certaines circons­tances, vous pour­riez tout simple­ment indi­quer l’ac­ti­vité que vous avez prati­qué pendant l’in­ter­rup­tion de travail, avec les dates, comme vous le feriez pour n’im­porte quel emploi. 

De courtes inter­rup­tions, comme lorsque vous avez manqué de travail pendant quelques mois, n’ont besoin d’au­cune expli­ca­tion. Vous pouvez même omettre de mention­ner les mois sur votre curri­cu­lum vitæ et n’in­di­quer que les années pendant lesquelles vous avez occupé un emploi, comme par exemple : de 1993 à 1994. De cette façon, les arrêts de quelques mois n’ap­pa­raissent pas.

PÉRIODES DE MANQUE DE TRAVAIL

Certaines des personnes les plus accom­plies que je connaisse ont manqué de travail à un moment ou à un autre de leur vie. En fait, une personne sur cinq se trouve sans emploi chaque année. Ce n’est vrai­ment pas un péché et bien des patrons ont été dans la même situa­tion. Toutefois, on a tendance à passer ces périodes de chômage sous silence dans un curri­cu­lum vitæ. L’une des tech­niques employées consiste à inscrire quelque chose comme « de 19xx à aujourd’­hui » à côté de votre plus récent emploi, ce qui laisse croire que vous occu­pez toujours ledit emploi. Même si cette façon de procé­der peut s’avé­rer appro­priée dans certains cas, elle peut égale­ment vous forcer à donner des expli­ca­tions au tout début de l’en­tre­vue. Ce genre de petit mensonge risque de vous faire commen­cer sur une note défa­vo­rable et, en bout de ligne, de vous desservir.

Si vous êtes sans emploi, vous pouvez indi­quer le mois où vous avez quitté votre dernier emploi ou mention­ner l’ac­ti­vité que vous avez prati­quée depuis, comme par exemple du travail auto­nome. Même si vous devez admettre que vous travaillez dans une agence d’emploi tempo­raire ou que vous faites de petits boulots, il vaut peut-être mieux en faire mention que de contour­ner la vérité. Souvenez-vous que bien des employeurs ont déjà été sans emploi et pour­raient être plus en mesure de comprendre votre situa­tion que vous ne le croyez.

CONGÉDIEMENT ET AUTRES POINTS NÉGATIFS DANS VOS ANTÉCÉDENTS PROFESSIONNELS

Il n’y a aucune raison d’in­clure dans votre curri­cu­lum vitæ les motifs qui vous ont poussé à quit­ter vos emplois anté­rieurs, à moins, bien sûr, qu’il s’agisse d’élé­ments posi­tifs. Par exemple, si vous avez démis­sionné pour occu­per un poste compor­tant plus de respon­sa­bi­li­tés, cela paraî­tra à votre avan­tage. Si vous avez été congé­dié, analy­sez les causes du renvoi. Dans la majo­rité des cas, elles ne seront pas liées au rende­ment ; la plupart du temps, les congé­die­ments sont attri­buables à des conflits inter­per­son­nels. Cette situa­tion est fréquente et ne se répé­tera pas néces­sai­re­ment dans un autre contexte. Si votre rende­ment justi­fiait votre renvoi, vous pour­riez avoir à démon­trer que le problème ne resur­gira pas à un nouveau poste.

Le curri­cu­lum vitæ doit venir souli­gner vos réus­sites anté­rieures. Vous aurez l’oc­ca­sion, à l’en­tre­vue, de débattre les problèmes ; prenez le temps de prépa­rer vos argu­ments en prévi­sion d’éven­tuelles ques­tions à ce sujet.

ANTÉCÉDENTS PROFESSIONNELS NON PERTINENTS À VOTRE RECHERCHE D’EMPLOI ACTUELLE

Si vos anté­cé­dents profes­sion­nels ne sont pas liés au type de poste que vous convoi­tez, vous devriez avoir recours à un « curri­cu­lum vitæ d’ap­ti­tudes ». Ce genre de C.V. vous permet de souli­gner les compé­tences poly­va­lentes que vous avez acquises et utili­sées dans d’autres contextes.

CHANGEMENT DE CARRIÈRE

Cette situa­tion s’ap­pa­rente à celle dont nous avons traité précé­dem­ment et requiert égale­ment de recou­rir à un « curri­cu­lum vitæ d’ap­ti­tudes ». Tout chan­ge­ment de carrière néces­site une expli­ca­tion de votre part, pour que votre chemi­ne­ment profes­sion­nel appa­raisse logique aux yeux d’un employeur. Cela signi­fie que vous devez mention­ner de l’ex­pé­rience de travail où vous avez montré des compé­tences promet­teuses dans un autre domaine d’activité.

FRAÎCHEMENT DIPLÔMÉ

Si vous êtes fraî­che­ment diplômé, vous riva­li­sez sans doute avec les gens qui possèdent une scola­rité équi­va­lente à la vôtre et une expé­rience de travail plus vaste. Si vous n’avez pas beau­coup d’ex­pé­rience dans le domaine qui vous inté­resse, vous cher­che­rez certai­ne­ment à mettre en valeur votre forma­tion et votre scola­rité récentes. Vous pour­riez notam­ment indi­quer les cours et autres acti­vi­tés que vous avez faits qui se rapportent direc­te­ment à l’emploi que vous postu­lez. Les nouveaux diplô­més devraient consi­dé­rer le travail scolaire comme une expé­rience de travail, car il s’agit d’ac­ti­vi­tés qui demandent des quali­tés semblables à celles qu’exigent beau­coup d’emplois (auto­dis­ci­pline, capa­cité de réali­ser une variété de tâches, etc.).

De plus, vous avez certai­ne­ment appris une foule de choses direc­te­ment liées à l’emploi qui vous inté­resse. Présentez ces compé­tences de la même façon que vous présen­te­riez votre expé­rience de travail dans un curri­cu­lum vitæ chro­no­lo­gique. Si vous le pouvez, souli­gnez égale­ment le fait que vous êtes fami­lia­risé avec les dernières tendances et les tech­niques utili­sées dans votre domaine, et que vous êtes en mesure de mettre ces connais­sances en pratique immé­dia­te­ment. Puisque vous avez déjà l’ha­bi­tude d’étu­dier et d’ap­prendre, vous serez plus à même d’as­si­mi­ler rapi­de­ment vos nouvelles tâches. 

Un curri­cu­lum vitæ axé sur vos compé­tences vous permet­tra aussi de mettre en valeur les apti­tudes que vous avez montrées dans d’autres emplois (serveur, par exemple) et qui ne vous semblent pas perti­nentes pour le poste que vous convoi­tez. Ces emplois consti­tuent cepen­dant une expé­rience de travail rece­lant une multi­tude de quali­tés que vous pouvez adap­ter et appli­quer à loisir à l’emploi que vous postu­lez, et qui peuvent même, en y réflé­chis­sant bien, étayer votre objec­tif de carrière.

EXPÉRIENCE INSUFFISANTE

Les jeunes adultes, dont ceux récem­ment diplô­més, ont souvent de la diffi­culté à obte­nir l’emploi qu’ils dési­rent parce que les employeurs préfèrent souvent embau­cher des personnes plus expé­ri­men­tées. Si c’est votre cas, vous devriez songer à mettre l’ac­cent sur votre faci­lité d’adap­ta­tion, qui pour­rait compen­ser votre manque d’ex­pé­rience. Encore une fois, un curri­cu­lum vitæ d’ap­ti­tudes vous permet­trait de vous faire connaître sous votre meilleur jour. Par exemple, si vous souli­gniez des quali­tés telles que « moti­va­tion au travail » et « capa­cité d’ap­prendre rapi­de­ment », cela pour­rait suffire à convaincre l’employeur de préfé­rer votre candi­da­ture à celles de personnes plus expé­ri­men­tées. Vous pour­riez aussi songer à mention­ner que vous êtes disposé à accep­ter des condi­tions de travail diffi­ciles ou moins invi­tantes, dans l’es­poir de percer dans le domaine et d’ac­qué­rir de l’ex­pé­rience. Par exemple, les mentions « Disponible pour travailler les soirs et les fins de semaine » et « Disposé à voya­ger ou à démé­na­ger » peuvent susci­ter l’in­té­rêt de l’employeur et ainsi vous ouvrir des portes.

Vous devriez égale­ment tenter de trou­ver et de souli­gner des équi­va­lences à l’ex­pé­rience manquante. Il peut s’agir de béné­vo­lat, de tâches fami­liales, d’édu­ca­tion, de forma­tion, d’ex­pé­rience mili­taire ou de toute autre acti­vité pouvant indi­quer que vous êtes en mesure de remplir les fonc­tions désirées.

SURQUALIFICATION

La plupart des personnes sans emploi depuis un certain temps sont plus dispo­sées à accep­ter un travail qui ne répond pas exac­te­ment à leurs attentes. Si vous êtes prêt à remplir des fonc­tions pour lesquelles on vous consi­dé­re­rait surqua­li­fié, vous pour­riez songer à ne pas inclure certains éléments liés à votre scola­rité ou à votre expé­rience dans votre curri­cu­lum vitæ, même si je ne vous le recom­mande pas néces­sai­re­ment. Et prépa­rez-vous à expli­quer, au moment de l’en­tre­vue, pour­quoi vous dési­rez cet emploi en parti­cu­lier et en quoi votre vaste expé­rience consti­tue un atout et non un désavantage.

OBJECTIF MAL DÉFINI

Comme je l’ai déjà répété plusieurs fois, il est gran­de­ment recom­mandé, bien que non essen­tiel, d’in­clure un objec­tif de carrière dans votre curri­cu­lum vitæ. Si vous n’êtes pas en mesure de vous fixer un but à long terme sur le plan de l’emploi, vous pouvez tenter d’en défi­nir un à court terme et le mention­ner dans votre C.V. Dans certains cas, vous pouvez égale­ment prépa­rer plusieurs versions de votre curri­cu­lum vitæ, chacune compor­tant un objec­tif de carrière diffé­rent. Cela peut parfois être utile et vous permet de sélec­tion­ner l’in­for­ma­tion perti­nente qui vous servira le mieux dans vos diverses options.

ABSENCE DE DIPLÔME OU NIVEAU DE SCOLARITÉ INFÉRIEUR À CELUI NORMALEMENT EXIGÉ

Si vos anté­cé­dents profes­sion­nels et vos apti­tudes vous permettent de remplir des fonc­tions habi­tuel­le­ment attri­buées à quel­qu’un ayant un plus grand nombre d’an­nées de scola­rité, vous devriez porter une atten­tion parti­cu­lière aux sections « Scolarité » et « Expérience » lorsque vous rédi­gez votre curri­cu­lum vitæ. Si vous possé­dez une vaste expé­rience, vous pouvez tout simple­ment omettre la section « Scolarité ». Même si cette dernière option présente l’avan­tage de passer sous silence votre manque de diplômes, il serait peut-être préfé­rable d’ins­crire vos années de scola­rité et de forma­tion sans mention­ner qu’il n’en a résulté aucune attes­ta­tion officielle. 

Par exemple, écri­vez que vous avez suivi tel programme dans telle insti­tu­tion, en vous gardant de mention­ner que vous n’avez pas complété ces études. Cette méthode vous évite de voir votre candi­da­ture être inuti­le­ment mise de côté et vous donne une chance d’être appelé en entre­vue, occa­sion qui ne se serait peut-être pas présen­tée autrement.

TROP JEUNE

Les jeunes adultes doivent présen­ter leur jeunesse comme un atout plutôt qu’un désa­van­tage, et déter­mi­ner quels attri­buts posi­tifs elle leur confère. Par exemple, vous pour­riez être disposé à travailler de longues heures ou à suivre un horaire peu accom­mo­dant, à consen­tir à un salaire moindre, à effec­tuer des tâches moins agréables ou à accep­ter toute autre condi­tion qu’une personne plus expé­ri­men­tée refu­se­rait. Si c’est le cas, mentionnez-le.

Vous devez comprendre que de nombreux employeurs préfèrent enga­ger des personnes ayant acquis de l’ex­pé­rience et de l’ha­bi­leté à des postes simi­laires à ceux qu’ils dési­rent pour­voir. Toutefois, si vous savez comment faire bonne impres­sion, on pour­rait vous préfé­rer à des employés montrant de meilleurs états de service.

CASIER JUDICIAIRE

Un curri­cu­lum vitæ ne devrait jamais conte­nir de rensei­gne­ments néga­tifs sur vous. Donc, si vous avez déjà eu des « démê­lés avec la justice », vous ne l’in­di­que­rez certai­ne­ment pas dans votre C.V. De nouvelles lois empêchent d’ailleurs un employeur d’in­clure, dans un formu­laire de demande d’emploi, des ques­tions d’ordre géné­ral du genre « Avez-vous déjà été appré­hendé ?» et limitent les demandes de rensei­gne­ments à « Avez-vous déjà été reconnu coupable d’un crime ?». Il ne faut pas confondre arres­ta­tion et condam­na­tion. Un employeur n’est d’ailleurs pas sensé tenir compte des arres­ta­tions pour délits mineurs dans sa déci­sion d’embauche.

Par contre, une condam­na­tion au crimi­nel est beau­coup plus grave, et les lois auto­risent les employeurs à deman­der et à obte­nir ce type de rensei­gne­ment et à en tenir compte dans leur déci­sion d’embauche. Par exemple, peu d’employeurs seront dispo­sés à embau­cher un comp­table qui aurait été condamné pour fraude dans son emploi précé­dent. Si vous avez un casier judi­ciaire duquel un employeur a le droit de s’en­qué­rir, il serait alors plus sage de cher­cher un emploi pour lequel il ne vous portera pas préju­dice. Le comp­table de l’exemple cité plus haut devrait penser à réorien­ter sa carrière. En fait, les personnes qui se trouvent dans cette situa­tion devraient éviter de postu­ler les emplois dans lesquels elles seraient tentées de commettre le même crime, puisque peu d’employeurs envi­sa­ge­raient de les embau­cher pour cette raison. Et même si, en dissi­mu­lant leurs anté­cé­dents crimi­nels, elles obte­naient le poste, elles pour­raient encore être congé­diées à tout moment. Je suggé­re­rais plutôt qu’elles se recyclent dans la vente de logi­ciels comp­tables, qu’elles démarrent leur propre entre­prise ou qu’elles se lancent dans un tout autre domaine.

Comme toujours, votre curri­cu­lum vitæ devrait reflé­ter ce que vous pouvez faire plutôt que ce que vous ne pouvez pas faire. Si vous plani­fiez votre carrière intel­li­gem­ment et que vous présen­tez un argu­ment convain­cant qui atteste que vous pouvez bien accom­plir le travail, beau­coup d’employeurs ferme­ront les yeux sur vos erreurs passées. Au fur et à mesure que vous démon­tre­rez vos compé­tences et que vous acquer­rez de l’ex­pé­rience, votre passé perdra de son impor­tance. En fait, les anté­cé­dents crimi­nels n’ont rien à voir vrai­ment avec le curri­cu­lum vitæ, mais joue­ront plutôt un rôle déter­mi­nant dans la plani­fi­ca­tion de votre carrière, la recherche d’un emploi et en entrevue.